Depuis quelques décennies, l'architecture et les arts plastiques n'ont cessé de se perdre dans la quête de leur identité. La multiplication des "expériences", loin d'être une preuve de vitalité, trahit
le défaut d'un certain nombre de concensus majeurs sans lesquels l'art n'a jamais été possible ; la prolifération des "solutions" est devenue
le symptôme de l'absence même de solutions.
Les premiers signes à travers lesquels l'humanité s'est exprimée semblent nous révéler qu'elle avait dès l'origine dit l'essentiel
de son histoire et qu'elle ne ferait, au cours des civilisations et
des millénaires, que répéter des situations originelles sur des thèmes
et des formes différents.
L'architecture a longtemps été un des plus riches moyens d'expression de l'humanité et si elle ne l'est plus aujourd'hui, ce doit être parce qu'elle s'exprime sur d'autres modes et que l'architecte ne lui permet plus de révéler sa richesse.
Notre langage est maintenant celui de la machine indiquant nos possibilités et nos limites et depuis longtemps déjà, l'architecture
a cessé d'être, ne laissant que l'empreinte d'un concept ancré dans l'esprit humain ; ve de sa sève, elle est devenue enveloppe sans contenu : emballage perdu.
Son tout premier rôle, pourtant, depuis l'époque de l'homme des cavernes, est celui d'abri. Enveloppe protectrice, souvenir de la
matrice dont l'homme est issu, l'architecture, la maison répond à
ce besoin de sécurite (et de bien-être) qui est encore très grand
chez lui, besoin physique, moral et spirituel. Cependant, de ce rôle fondamental Trinitaire n'est tenu de nos jours que celui d'abri physique, dont la qualité elle-même laisse bien souvent à désirer.
Des deux autres aspects, peu ou plus de traces. Les liens sont
coupés et l'homme désorienté jusque dans sa maison, se retrouve
toujours face à son mal-être qu'il masque, comme le dit Khalil Gibran
par la convoitise du bien-être, du confort matériel, qui devient le
maître dans la maison et qui tue la passion de l'âme. D'ailleurs, actuellement, cette conception se fissure elle-même sérieusement.
La situation est critique et il y a urgence à reconsidérer de
fond en comble, c'est bien le cas de le dire, l'architecture, l'architecte et leurs rôles. Cette situation de crise n'est pas propre à l'architecture. Elle touche tous les secteurs de notre société occidentale et, du fait
de la pénétration tentaculaire de celle-ci, elle concerne la planète entière.
Aussi dure une crise soit-elle à supporter, il-n'empêche qu'elle
peut et doit être féconde pour toute évolution. C'est en effet une
période de troubles importants, de désordres, où des failles se creusent, où des brèches apparaissent, brèches dans lesquelles peuvent être ensemencées et éclosent de nouvelles orientations, de nouveaux modes
de penser et d'être. Cette dynamique de crise est porteuse d'une régénération et d'un élargissement de la conscience individuelle,
sociale ou planétaire, élargissement de la conscience qui est la
raison-même d'exister de tous les êtres sensibles et dont l'embrasement total est l'accomplissement suprême pour les êtres humains.
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Dossier thématique : Architecture