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Seyssel et Bassy, situés « à une extrémité de l'isthme, mi-terrestre, mi-aquatique, qui sépare le Rhône du Rhin », « au point initial de la navigation sur le Rhône », a dans une ligne de force Méditerranée-Rhône-Rhin-Danube », permettent à P. Dufournet d'expliquer la façon dont « une communauté agraire sécrète et organise son territoire ».
Architecte, urbaniste, inspecteur général honoraire de la Construction, Fauteur, ancien aménageur, éprouve un réel besoin d'insister sur l'aspiration de notre société à un réenracinement, et sur la nécessité de prendre en compte le « futur du passé » (p. 9). Étranger au sérail, il regrette la dissociation fréquente de l'histoire et de la géographie. Son témoignage a d'autant plus de poids qu'il met l'accent sur ces deux disciplines, dont l'importance bien comprise est rappelée par R. Chevallier dans la préface : « ... sous l'impulsion parallèle et parfois combinée de géographes (Faucher, Gourou, Juillard, Meynier...) et d'historiens (Dion, Sereni), a été élaborée une définition du paysage ' qui n'est pas la seule addition d'éléments géographiques disparates, mais, sur une certaine portion d'espace, le résultat de la combinaison dynamique, donc instable, d'éléments physiques, biologiques et anthropiques qui, en réagissant dialectiquement les uns sur les autres, font du paysage un ensemble unique et indissociable en perpétuelle évolution (Bertrand) » (p. 5).
Le ton ainsi donné à ce livre passionnant, proposé à la méditation des praticiens de l'espace souvent ignares et pressés, annonce une richesse d'observations et d'interprétations que la lecture ne dément pas. L'auteur démontre de façon subtile qu'en dépit du renouvellement du peuplement et des ruptures historiques, l'action, « dont la finalité était de vivre et souvent de survivre », demeurait continue. Il insiste sur l'intérêt du cadastre savoyard (ou sarde) de 1728-1738 — exceptionnel en Europe — pour la connaissance précise de la situation domaniale de toutes les classes sociales à partir du XVIe siècle.
Il procède à des comparaisons avec d'autres cadastres, fait intervenir la toponymie, l'anthroponymie et l'exploitation graphique des cadastres, remontant jusqu'à la préhistoire et à la protohistoire.