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Il est probable que la forme esthétique n'a jamais été l'objectif ni le point de départ du constructeur français Jean Prouvé (1901-1984). Et pourtant, ses constructions sont toujours reconnaissables. Elles se distinguent spécialement par leurs formes organiques et par leurs proncipes de construction, un peu comme les êtres humains que l'on reconnaît à leurs mouvements. L'observateur attentif découvre un procédé de construction, à la fois simple et ingénieux, qui est à l'origine de ses meubles considérés de nos jours comme les classiques des modernes. Leur force convaincante réside dans l'emploi modéré des matériaux et dans la réduction à l'essentiel. Une partie de prototypes, des constructions originales et des reproductions illustrés dans cet ouvrage sont publiés pour la première fois.

Comme ce fut si souvent le cas au début du Moderne, une tendance artistique commune à divers artistes s'est cristallisée grâce à leur collaboration dans le cadre d'une publication. Autour de la revue De Stijl placée sous la responsabilité de Théo Van Doesburg s'étaient rassemblés des Néerlandais, des Belges et des Allemands dont les plus célèbres sont les peintres Mondrian et Vantongerloo, le designer et architecte Rietveld, les architectes Van't Hoff et Oud. Des contacts furent pris avec les dadaïstes et le Bauhaus, où Van Doesburg enseigna temporairement. La préoccupation de ces artistes était d'élaborer un nouveau langage formel en abandonnant complètement sa valeur figurative, mais par la variation à la fois multiple et subtile de quelques principes élémentaires de création artistique (horizontal/vertical, grand/petit, clair/obscur et les couleurs primaires). Quantité de chefs- d'oeuvre individuels, qui évoquent et aiguisent notre aptitude à percevoir de façon nuancée des faits visuels simples, ont été réalisés avec des moyens formels aussi réduits.