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Comme ce fut si souvent le cas au début du Moderne, une tendance artistique commune à divers artistes s'est cristallisée grâce à leur collaboration dans le cadre d'une publication. Autour de la revue De Stijl placée sous la responsabilité de Théo Van Doesburg s'étaient rassemblés des Néerlandais, des Belges et des Allemands dont les plus célèbres sont les peintres Mondrian et Vantongerloo, le designer et architecte Rietveld, les architectes Van't Hoff et Oud. Des contacts furent pris avec les dadaïstes et le Bauhaus, où Van Doesburg enseigna temporairement. La préoccupation de ces artistes était d'élaborer un nouveau langage formel en abandonnant complètement sa valeur figurative, mais par la variation à la fois multiple et subtile de quelques principes élémentaires de création artistique (horizontal/vertical, grand/petit, clair/obscur et les couleurs primaires). Quantité de chefs- d'oeuvre individuels, qui évoquent et aiguisent notre aptitude à percevoir de façon nuancée des faits visuels simples, ont été réalisés avec des moyens formels aussi réduits.

Extrait de la préface de Peter Hahn, Directeur du Bauhaus-Archiv de Berlin :
"Le Bauhaus a exercé son influence dans différents domaines de la création et est passé, non sans contradictions, des premières années influencées par l'expressionnisme à Weimar, aux années constructives de Dessau, pour en arriver au Bauhaus tardif de Dessau et au Bauhaus de Berlin de plus en plus orientés vers l'architecture ; de Gropius à Hannes Meyer, puis à Mies van der Rohe. Il existe aujourd'hui de nombreuses publications individuelles et catalogues d'exposition constituant des sources essentielles des points de vue les plus divers - par exemple design, architecture, pédagie et art. Alors que l'historiographie a fortement suivi la représentation du Bauhaus transmise par Gropius jusque dans les années 60 et 70, les enquêtes critiques se sont multipliées au cours des dernières années. Toutefois, il n'existait jusqu'ici aucune représentation d'ensemble tenant aussi compte des résultats récents de la recherche. En tant que collaboratrice scientifique du Bauhaus-Archiv Museum für Gestaltung depuis de longues années, Magdalena Droste a entrepris de combler cette lacune. Avec le présent livre qui s'adresse aussi bien au grand public qu'aux spécialistes, elle a retracé l'histoire du Bauhaus du point de vue modifié des dernières années. Elle éclaire avec concision l'édification et l'évolution du Bauhaus, depuis ses antécédents jusqu'à sa fermeture. Les échecs et les contradictions ne sont épargnés ni du point de vue esthétique ni du point de vue des prétentions sociales du Bauhaus. Le choix des reproductions joue un rôle essentiel dans la conception de ce livre. En effet, elles proviennent pour la plupart de la collection des archives du Bauhaus telle qu'elle a été constituée au cours des trente dernières années. Les sources présentement disponibles ont permis d'éclairer des apsects juqu'ici négligés, et donc de montrer la diversité des projets et de l'enseignement".
Pour mémoire, définition du Bauhaus, tirée du "Petit Robert 2" :
"BAUHAUS (Das Staatliche Bauhaus "la maison de la construction"). Ecole d'architecture et d'art constituée en 1919 à Weimar par Walter Gropius, par la fusion et l'entière réorganisation de l'Académie des Beaux-Arts et de l'Ecole des Arts Décoratifs. Elle fut transférée à Dessau en 1925 dans les bâtiments construits de 1925 à 1926 par Gropius. L'arrivée au pouvoir des nazis dans la province provoqua son déménagement à Berlin (1932) et finalement sa fermeture. Elle fut dirigée successivement par Walter Gropius, Hannes Meyer (1927-1930) et Mies van des Rohe (1930-1933) et des artistes comme Johannes Itten, Lyonel Feininger, Adolf Meyer (dès 1919), Paul Klee, Oskar Schlemmer (à partir de 1921), Wassily Kandinsky (à partir de 1922), Moholy-Nagy (1923) y enseignèrent. L'enseignement dispensé visait à intégrer l'architecture aux autres arts "majeurs" et "appliqués". En établissant une étroite collaboration entre l'artiste et l'artisan, il préconisait la création collective. S'appuyant sur un idéal socialiste, il tendait à remettre en cause la fonction de l'art par rapport à l'ordre social et à l'intégrer à la civilisation industrielle. Le Bauhaus accordait une grande place à l'expérimentation et à la création de prototypes d'objets usuels destinés à la standardisation. La liberté esthétique y était prônée, mais ce furent l'abstraction géométrique, le rationalisme et le fonctionnalisme qui s'imposèrent sous l'influence du constructivisme russe et du stijl hollandais. Les principes et les réalisations du Bauhaus jouèrent un rôle important dans le développement de l'art contemporain, notamment aux Etats-Unis, où plusieurs de ses anciens membres émigrèrent.