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"Cet ouvrage rassemble des contributions sur la condition urbaine contemporaine, des points de vue théoriques, critiques, documentaires convoqués par arc en rêve centre d'architecture pour l'élaboration du projet MUTATIONS présenté à Bordeaux de novembre 2000 à mars 2001. Il réunit les travaux de Rem Koolhaas, Sanford Kwinter, de Stefano Boeri et de Nadia Tazi et d'auteurs de tous horizons, autour du phénomène majeur que représente pour le siècle qui s'ouvre l'urbanisation accélérée de la planète. Aujourd'hui, plus de 50% de la population mondiale se concentre dans les agglomérations urbaines. La consommation est une force de nouvelle centralité qui transforme la géographie des villes. La concentration et la puissance du commerce et de l'information remodèlent l'urbain et participent d'une continuité urbaine dé-territorialisée. Les nouveaux réseaux de communication ouvrent un espace d'interconnexions illimitées, la globalisation de l'économie abolit les frontières, des précarités s'installent tandis que de nouvelles énergies se solidarisent. Ces mutations marquent l'émergence d'une nouvelle civilisation urbaine, produit immédiat d'une société qui a radicalement changé d'échelle et de vitesse. Les auteurs de MUTATIONS observent ces signes, analysent l'explosion des villes asiatiques, l'énergie de la "contre-ville" africaine, l'indifférence de la villle américaine, les dynamiques d'appropriation de la ville européenne, le nouvel espace que libère le Net, et celui de la parole qui circule. Cette réflexion donne la mesure des mutations à l'oeuvre, qu'elles s'expriment de façon extrême et spectaculaire, ou de façon progressive et moins visible. Il y a là des clés de compréhension du temps présent, de cette réalité mobile, changeante, contradictoire et passionnante, qui en appelle à l'exigence politique, à penser la ville autrement." Francine Fort, directrice d'arc en rêve centre d'architecture.

Olivier Mongin, écrivain, philosophe, explore la mondialisation urbaine et l'impact des connexions sur la vie des habitants. Il interpelle les responsables publics sur la nécessité de redonner du sens politique aux projets urbains, en recréant de l'urbanité.
Parce que la métropolisation du monde est en marche, la ville n'y est plus un pôle structurant des sociétés, en opposition avec une campagne elle-même devenue avant tout périurbaine, mais un gigantesque accélérateur des trajectoires individuelles, un système de flux en perpétuelle mutation, où les villes musées européennes constituent une forme urbaine en voie de disparition. Soumise aux impératifs de la vitesse, la ville perd progressivement son attache avec le territoire, ou plutôt se reconfigure selon trois dispositions spatiales : les friches urbaines des non-lieux, espaces en déshérence inclus dans la forme urbaine que les flux contournent (les favelas de Rio ou San Paolo, les bidonvilles de Kinshasa et de Johannesburg) ; les hyper-lieux branchés sur les réseaux virtuels, mais aussi réels, qui sont le théâtre d'une modernité agressive et insolente (comme à Singapour, Doha ou Doubaï) ; et enfin, l'émergence de milieux qui cherchent à domestiquer les flux et à soumettre cette forme urbaine à l'exigence anthropologique de l'habiter, ainsi qu'à celle, politique, de l'agir ensemble (comme le symbolise par exemple la place Tahir du Caire).
Dans ce panorama magistral des évolutions contemporaines de la ville, l'auteur nourrit ses réflexions des réalisations des architectes et urbanistes, mais aussi des fulgurances des cinéastes ou des flâneries des poètes.